METEOR CRATES #4 by KEOR METEOR


"Meteor Crates" c'est un long voyage musical dans les profondeurs de la collection du plus américain des beatmakers français: Keor Meteor. Une odyssée sans fin durant laquelle les styles et les époques s'entrechoquent comme des météorites sur une planète très très lointaine, nous aspirant dans un trou noir tournant sur lui-même comme un vinyle sur ta platine. C'est beau, enivrant, à la fois dépaysant et mystérieusement rassurant car parsemé de madeleines filantes qu'on a déjà croisées au fil de nos escapades dans l'univers samplé du hip hop. Bon voyage intersidéral à tous!

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"Ce coup là, C, sûr, j'en suis!" Encore une fois, le lieutenant Keor se veut énigmatique quand il parle. Insistant lourdement sur le C, mettant un enthousiasme aux préparatifs qu'on ne lui connaissait pas à bord jusque alors, il semble encore ne pas dire tout ce que l'on voudrait savoir. Personne ne se plaindra de ce dynamisme qui électrise un équipage qui, au 4è mois de vol, tourne parfois en rond au milieu des galettes musicales des dj bags tapissant les parois du vaisseau, solidement arnachés avec des câbles RCA... Pourtant je ne peux m'empêcher de penser que Keor a une idée derrière la tête, sans savoir si cela doit m'inquiéter ou me réjouir! "C certain, cette sortie va me rappeler de bons souvenirs" ajoute-t-il, un brin malicieux, comme pour semer davantage le trouble dans mon esprit au moment du départ.

On a de la peine à débusquer la première étoile, sa lumière est comme masquée par une constellation ondulante, dense et s'étendant à perte de vue, celle des films de la Cinecitta. La pièce est rare, elle n'en est que plus excitante. On a tous envie de se faire une toile, ambiance polar noir et sensuel. Mais Keor se démarque encore... "Ah le Nevada quel régal!"... Je vérifie la pressurisation de sa combinaison, mais il est intenable, il a déjà délaissé Carlo Pes pour prendre les manettes de la capsule et mettre le cap sur une autre étoile, s'approchant de façon déraisonnable du champ magnétique de celle-ci... "On va se poser, il faut que je la récupère!"... Un peu paniqué, tout le monde se prépare à atterrir, une manœuvre toujours complexe, mais que le lieutenant Keor maîtrise à merveille d'après ses états de services. "Monte! Vite!" hurle-t-il, transit, au micro. La porte s'ouvre. Une créature irradie le vaisseau de sa beauté: mini jupe de cuir blanc, cuissardes assorties retenues par un délicat cordon de vinyle noir, chevelure divinement blonde, gros calibre laser accroché à la ceinture. Une bombe! "Barbarella! que suis heureux de te retrouver!". Le lieutenant Keor est redevenu un adolescent, il lui tend fébrilement la main et nous la présente "Elle a obsédé mes nuits passées à écouter en boucle le Soundbombing II!". S'adressant à moi à voix basse il ajoute "Malheureusement elle a une voix d'huitre! Mais j'ai ce qu'il faut pour compenser, mettez le cap à l'Est mon cher!". Toujours abasourdi par la vision de cette déesse, je m’exécute. "Vous allez voir, cette fille c'est Bizet pendant la guerre froide, pas de puissance de feu mais addictif à l'excès" poursuit-il. Effectivement difficile de se débarrasser de cette voix venue d'ailleurs, se posant, douce comme une plume, malgré la langue teutonne, sur un gros saxo très eighties ; cette Carmen c'est un sacré morceau! 


"Pas une si mauvaise journée, n'est-ce pas?" rigole Keor alors que Carmel nous envoute... "Je pense que les amis Jack Wilson et Ivan6 seraient d'accord avec moi!" ajoute-t-il toujours hilare. "Leaf Dog, OSTR et Bonson aussi!" grommela le capitaine Whosampled qui appréciait très moyennement de se faire devancer sur tous les samples par Keor. "Ne vous fâchez pas capitaine, je vous laisse le diamant et vais me reposer... tu viens Barbarella chérie?". On ne les revit plus du voyage! Le blues à l'âme, Whosampled changea de cap pour se morfondre auprès d'un vieux et suintant Chicken Shack, sans vraiment décolérer. Le détour vers le magnifique Londres sexties de 69 du Carnaby Street Pop Orchestra n'y fait rien... alors que les ébats gémissants de Keor et Barbarella subliment l'écoute du morceau, derrière qui se cache l'immense Keith Mansfield, dans la cabine. Whosampled manque encore le coche et sa mâchoire serrée trahie une rancœur forte. Incurable? Le rock dur et jazz de Cashman Vaquero Band ne changera pas la donne. Trois échecs de suite. Le "Alors les amis, elle n'était pas chouette cette sortie?" d'un Keor à peine rhabillé, à la descente à bord du vaisseau mère, est le coup de grâce! 

Les relations entre le capitaine et le lieutenant, qui se dégradent à la vitesse de la lumière, vont-elles empêcher la mission de se dérouler en toute sécurité? Quel secret cache donc ce tempétueux Keor? Barbarella est donc réelle? De quoi vais-je rêver dans l'Enterprise Millenium cette nuit?


à suivre...
Meteor Crates #4:


Tracklist #4:
01.Carlos Pes – Tough guy
(1972-Un Vomo dalla pelle dura) km
02.Charles Fox/Bob Crewe/Michel Magne – Spaceship out of control
(1968-Barbarella) whosampled km
03.Carmen – Puppe aus glas
(1982-Puppe aus glas) km
04.Carmel – Bad Day
(1984-The drum is everything) whosampled km
05.Chickenshack – The way it is
(1969-100 Ton chicken)
06.Carnaby Street Pop Orchestra and Choir – London Hilton
(1969-The London Theme)
07.Cashman Vaquero Band – Security
(1979-In Memory of Berry Oakley)



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