METEOR CRATES #6 by KEOR METEOR


"Meteor Crates" c'est un long voyage musical dans les profondeurs de la collection du plus américain des beatmakers français: Keor Meteor. Une odyssée sans fin durant laquelle les styles et les époques s'entrechoquent comme des météorites sur une planète très très lointaine, nous aspirant dans un trou noir tournant sur lui-même comme un vinyle sur ta platine. C'est beau, enivrant, à la fois dépaysant et mystérieusement rassurant car parsemé de madeleines filantes qu'on a déjà croisées au fil de nos escapades dans l'univers samplé du hip hop. Bon voyage intersidéral à tous!

Épisodes précédents


"C'est aujourd'hui le grand jour, on sort enfin des boîtes?". A peine sorti du profond sommeil artificiel dans lequel je me plongeais de temps à autre pour faire passer plus rapidement ce temps qui ne court pas, la voix du lieutenant Keor me réveilla en trombe. "Allez je vous vous laissez une Extra Hour et je commence les préparatifs, vous me rejoindrez!" ajouta-t-il en ponctuant en clignant de ses Yeux du Bleu étincelants et un peu jazz-rockeur. C'est en effet aujourd'hui le jour J. Pour la première fois depuis le départ de la mission du Millenium Enterprise nous allons faire une sortie en scaphandre hi-fi et partir à la recherche des sons perdus sans la protection des modules d'exploration. Dans des combinaisons moulantes composées de matériel dernière génération et d'un blanc étincelant, il faut vous imaginer vous déplacer dans une enceinte géante aussi sensible que le fond d'une oreille humaine. Le casque est démesurément grand pour permettre une acoustique exceptionnelle à défaut d'une esthétique glamour. Paré de ce scaphandre audiophile on ressemble davantage à un pauvre écouteur d'iPhone ou à un spermatozoïde géant qu'à un de nos glorieux ancêtres conquérants de l'espace. Comme on n'arrête pas le progrès, nous sommes également tous équipés de capteurs externes qui permettent la perception extrasensorielle ; chacun pouvant ainsi, après une petite injection psychotropique stupéfiante, développer et profiter de son 6è sens pour s'immerger totalement dans les ondes sonores de la Voie Samplée... tous sauf le capitaine Whosampled, tombé dedans quand il était petit!

Je ne sais pas si c'est l'euphorie de cette première expérience de sortie en combi, le sentiment de vertige face à l'immensité du vide ou les effets hallucinogènes des drogues injectées, toujours est-il qu'à peine sortis du vaisseau-mère je fus victime de visions délirantes dans lesquelles défilaient devant mes yeux exorbités tous les héros de l'aventure spatiale, celle que connue la Terre dans le second XXè siècle, au son des pépites au programme de cette sixième mission. Neil Armstrong - à jamais le premier, comme ils disent sur la planète Mars - arborait un t-shirt "Super Astronaute" façon ectoplasme multicolore sur le Thème De L'Américain de Francis Lai, faisant passer le terrible et ténébreux Charles Bronson pour un enfant de chœur en K-Way. Un peu plus loin c'est le couple c'est le légendaire Youri Gagarine et la sublime Valentina Terechkovala qui s'étreignaient sur une danse de saint Gui sur l'air malicieux d'I Have Been Here Before de l'inclassable Essra Mohawk. Par moment on revoyait la statue monumentale de Vera Moukina dans une version spectrale et polychrome... une image capable de renvoyer tous les rejetons du pop art de l'hyperpuissance dans les cordes du consumérisme sans âme qu'il incarne finalement. Ah la révolution et ses idéaux... Saint Thomas Pesquet, le spationaute militant, apparut alors, sourire naïf et sincère aux lèvres, étoiles dans les yeux, incarnant un espoir de monde meilleur, sur le French Revolution d'Erika Pomerance qui nous fait dire qu'un jour sans doute elle reviendra... Merci pour les morceaux de rêves, @thom_astro!

J'étais tellement dans un état étrange au cours de cette mission que j'ai même cru au milieu de la sortie assister une prade de réconciliation entre le lieutenant Keor et le capitaine Whosampled. D'après ce que j'ai pu en comprendre, ils discutaient d'une possible rencontre discographique entre le chaman brésilien de l'électro, Amon Tobin - qui avait habilement utilisé le Playfully d'Esquivel et Son Orchestre dans une sublime ode à la lenteur - avec le prince du rap underground Racecar dont Keor cru reconnaitre l'un des amis proches, le Dr. Awkward, sur le Cape Town Harbour de Francesco de Masi... Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes au moment où Keor reconnu également le He Never Knows de Exile One et la dédicaça tout particulièrement au capitaine... qui n'entendit rien car il venait de se replonger dans le catalogue Ninja Tune. En effet, le lieutenant me l'avoua par la suite, jamais Whosampled ne devait savoir qu'encore une fois l'un des titres qu'il avait produit autrefois s'était retrouvé sur notre chemin.

De retour à la base je parvenais encore difficilement à  me remettre de l'expérience, ayant du mal à distinguer le vrai du faux, et avec l'impression banale mais tellement vertigineuse d'apparaître minuscule face à l'immensité de la tâche qui nous attend!

à suivre...

Meteor Crates #6:


Tracklist #6:
(1970-Le Passager de la Pluie)
(1969-In Fields of Ardath)
(1972-The Big Game/La Machina Della Violenza) km
(1958-Other worlds, Other sounds) ws
(1970-Primordial Lovers)
(1976-Fism)
(1965-You used to think)



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