METEOR CRATES #1 by KEOR METEOR


"Meteor Crates" c'est un long voyage musical dans les profondeurs de la collection du plus américain des beatmakers français: Keor Meteor. Une odyssée sans fin durant laquelle les styles et les époques s'entrechoquent comme des météorites sur une planète très très lointaine, nous aspirant dans un trou noir tournant sur lui-même comme un vinyle sur ta platine. C'est beau, enivrant, à la fois dépaysant et mystérieusement rassurant car parsemé de madeleines filantes qu'on a déjà croisées au fil de nos escapades dans l'univers samplé du hip hop. Bon voyage intersidéral à tous!

Nous sommes prêts. A bord de l'Enterprise Millenium, chacun sait ce qu'il a à faire. Cette mission, tous, nous l'avons répétée au sol des centaines de fois. Casque vissé sur la tête, les oreilles grandes ouvertes, le cerveau prêt à effectuer cette gymnastique complexe qui consiste à retrouver une boucle dans un tas de bobines noires. C'est donc l'objet de toutes nos attentions: découvrir dans les étoiles filantes de la galaxie Meteor les traces d'ADN qui composent les fondements de notre planète de cire ; la boomboombattante et turbulente H.I.P.H.O.P.! Vous voyez la troisième planète après le soleil? On est juste en-dessous, dans un espace aux frontières floues appelé Underground. On aura bientôt l'occasion de vous parler plus longuement de là d'où nous venons et de ce que nous sommes. 

Pour l'heure, c'est la mission Meteor Crates qui doit nous occuper, seulement elle. L'expérience s'annonce longue et haletante, jouissante et frustrante, selon si l'on trouve ou pas ce qu'on est venu chercher. L'exercice est parfois tellement prenant, qu'il convient pour notre santé mentale et physique - le stress occasionné par le surleboudlalanguisme peut être si violent qu'il peut vous faire perdre la raison - que les autorités ont jugé préférable d'étaler les sorties ; une par mois sera le rythme de notre croisière.

Pour la première on peut dire qu'on est servi. Alors que d'immenses lettres "A" flottaient devant nos yeux écarquillés, nos cœurs se serraient une dernière fois, nous interrogeant sur notre capacité à répondre aux attentes du peuple du Double H, nom de code de notre planète dans le jargon. Heureusement, dès la première étoile, le capitaine Who Sampled nous indique la voie: Dj Spinna a fait mijoter ce Bairro negro pour un titre des Jigmastas. Pour la suivante c'est plus simple, on reconnaît l'illustration et les premières notes nous rappelle immédiatement le totémique Unseen de Quasimoto, petit bonhomme jaune qui a beaucoup fait pour la culture sampling dans l'Underground. On aurait envie de suivre Arawak dans toutes ses destinations, mais il nous faut déjà sauter sur cet Hibiscus de l'espace, délicat et profond comme la basse qu'utilise Wally Clark chez Gummy Soul. L'histoire se complique alors. Même le spécialiste des sampleurs-samplés sèche pour les deux étoiles suivantes. La sirène de police au début du morceau aurait dû nous mettre en alerte. Impossible de savoir qui a pu pomper Arte & Oficio ou Amelinha alors que les filons de boucles semblent inépuisables quant aux quelques minutes que nous avons pu écouter... Malheureusement, nous n'aurons pas beaucoup plus de chance pour les deux derniers tours de piste. Même si Antonio Adolfo e A Brazuca ou Anita Kerr Singer ont déjà été samplés, notamment par le gourou Madlib, alter ego du Quasimoto précité, rien n'apparaît sur les deux titres creusés. 

De retour au vaisseau-amiral, encore sous le coup d'un puissant jet lag spatio-temporel, c'est un sentiment partagé qui nous habite. Fiers d'avoir pu déterrer quelques grands moments d'histoire de H.I.P.H.O.P., nous sommes frustrés de ne pas avoir trouvé de réponses à toutes nos questions. On a beau s'y préparer, affronter l'échec est toujours une épreuve. C'est alors que le lieutenant Keor, rester à bord à jouer avec les machines, nous fit cette mystérieuse confidence: "Je connais un homme qui a samplé chacun des titres que vous avez exploré aujourd'hui, mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment..."

à suivre...

Meteor Crates #1:


Tracklist #1:
1. Ana Mazotti – Bairro negro 
(1974-Ninguem Vai Me Segurar) whosampled
3. Andy Bey – Hibiscus 
(1974-Experience and judgment) whosampled
6. Anita Kerr Singers – The world we knew 
(1968-Bert Kampfer turns us on)

 

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